Dernière mise à jour le 20 mars 2023

Définition du Seuil de rentabilité

 

Le seuil de rentabilité (également appelé chiffres d’affaires critique) représente le chiffre d’affaires pour lequel l’entreprise couvre la totalité de ses charges (fixes et variables) sans perte ni bénéfice.

 

Une société dont le chiffre d’affaires réalisé est supérieur à son seuil de rentabilité sera moins impactée par un ralentissement d’activité qu’une entreprise qui voit son chiffre d’affaires proche ou égale à son seuil de rentabilité.

 

Il faut prendre en considération que pour une structure donnée, les charges fixes sont supportées en totalité par l’activité d’exploitation. L’objectif de la méthode est de rechercher le niveau des ventes qui permet de couvrir les charges fixes.

Distinction entre charges variables et charges fixes ?

 

En comptabilité, il existe deux types de charges à savoir  les charges fixes et les charges variables. Comprendre la différence entre ces deux types de charges est essentiel pour n’importe quel dirigeant.

Charges fixes 

 

Les charges fixes, également appelées charges structurelles ou charges de structure, sont les charges liées à l’existence de l’entreprise. Elles ne varient donc pas selon l’activité de l’entreprise. C’est-à-dire que leur montant ne varie pas selon le chiffre d’affaires ou le niveau de production. Elles sont à décaisser quoi qu’il arrive. 

 

Les coûts fixes sont, par exemple, les loyers, les assurances, les salaires de vos employés, les honoraires comme les honoraires d’expert-comptable ou d’avocat, les abonnements, l’amortissement, les cotisations sociales.

Charges variables

 

Les charges variables ou encore charges opérationnelles, sont, vous l’aurez sûrement compris, les charges liées au fonctionnement de l’entreprise. Contrairement aux charges fixes, les charges variables dépendent du volume de production et de l’activité de l’entreprise. En principe, plus le volume d’activité de l’entreprise augmente, plus les charges variables augmentent.

On trouve la consommation de matières premières, l’achat de marchandises, les frais liés à l’activité comme les frais de transport ou encore les frais de packaging…

 

Charges mixtes

 

Il existe également des charges qui ne rentrent ni dans la catégorie de charges fixes, ni dans les variables. Il s’agit des charges mixtes. Ce sont des charges qui peuvent être fixes pendant un moment mais qui, suite à la croissance de l’entreprise, vont alors varier.

On prendra comme exemple le salaire d’un commercial qui touche des commissions pour chaque nouveau contrat signé, en plus de son salaire (qui est fixe).

 

Pourquoi comprendre la différence entre charges fixes et charges variables est-il important ?

Les charges fixes sont financées par la marge que dégage une entreprise sur ses coûts variables. 

 

Les charges variables et les charges fixes vous permettent de : 

 

  • Calculer la marge sur coût variable (MCV).

 

La marge sur les coûts variables permet de mettre en évidence la marge de manœuvre dont dispose une entreprise pour financer les frais relatifs aux frais fixes. C’est l’excédent du chiffre d’affaires sur les charges variables.

 

  • Déterminer le seuil de rentabilité


Le seuil de rentabilité étant le seuil en dessous duquel une entreprise est en déficit, il est essentiel pour un entrepreneur de comprendre ce qu’est le seuil de rentabilité et connaître celui de son entreprise. Connaître le seuil de rentabilité permet de déterminer le niveau d’activité minimum qu’une entreprise doit avoir pour générer du profit et être rentable.

 

 

Comment calcule-t-on un seuil de rentabilité?

Considérons le schéma suivant :

En appelant Marge sur coût variable (MCV) la différence entre le chiffre d’affaires et les charges variables, le résultat peut se calculer de plusieurs façons :

 

Résultat = Chiffre d’affaires – Charges totales (Fixes + variables)

Résultat = Marge sur coût variable – Charges Fixes

Ces relations vont permettre de calculer et déterminer le seuil de rentabilité, de plusieurs façons, qui a pour formule :
Seuil de rentabilité = Charges fixes / Taux de marge sur coûts variables

Méthode de détermination du seuil de rentabilité :

 

Prenons l’exemple suivant. Une société dans laquelle les données suivantes sont prévus pour l’exercice à venir :

  • Chiffre d’affaires : 2 000 000€ (CA)
  • Charges variables : 1 200 000€ (CV)
  • Charges Fixes :  500 000€ (CF)

 

La marge sur coût variable égale à MCV = CA – CV = 2 000 000 – 1 200 000 = 800 000.

Le taux de marge sur coût variable (Tmcv) égale à  MCV / CA = 800 000/ 2 000 000 = 0.4

 

La marge sur coût variable est proportionnelle au chiffre d’affaire et s’exprime par l’équation suivante :
MCV = Tmcv x CA
MCV = 0.4 x CA

 

Première méthode.

Le seuil est atteint lorsque le résultat est nul, c’est-à-dire que la marge sur coût variable 

permettant de couvrir l’ensemble des charges fixes.

 

                                      Marge sur coût variable = Charges Fixes

Dans notre exemple :

MCV = 0.4 x SR = 500 000
SR    = 500 000 / 0.4 = 1 250 000 €

 

Deuxième méthode

 

Le résultat est nul lorsque le chiffre d’affaires couvre la totalité des charges : 

 

                              Chiffre d’affaires = Charges variables + Charges Fixes

 

Dans notre exemple, les charges variables proportionnelles représentent 60 % du chiffre d’affaires. L’équation du seuil de rentabilité est donc :
              SR = 0,6 . SR + 500 000
soit :   SR = 500 000/(1 – 0,6) = 1 250 000€.

Troisième méthode

Il est enfin possible d’avoir un résultat nul.

                                                            Résultat = 0

 

Dans notre exemple, l’équation du résultat est R = MCV – CF
Soit     0 = 0.4x SR – 500 000
Donc     SR = 500 000 / 0.4
Donc           = 1 250 000€

 

Quel est l’utilité d’un seuil de rentabilité ?

Le calcul du seuil de rentabilité est important pour un chef d’entreprise car il peut ainsi analyser à quel moment le montant de chiffre d’affaires de l’entreprise couvrira l’ensemble de ses charges et deviendra rentable, il donne donc un chiffre d’affaires à atteindre. Le dirigeant suivra son seuil de rentabilité tout au long de la vie de son entreprise via l’analyse de son compte de résultat .

 

Il est un indicateur de risque d’exploitation qui représente le niveau de risque sur le cycle d’exploitation. En se basant sur le chiffre d’affaires, il peut voir la cohérence et la viabilité du lancement d’un nouveau produit par exemple ou de la pérennité d’une branche d’activité. Si le seuil de rentabilité apparaît comme trop élevé, une entreprise peut alors décider de revoir le projet ou simplement l’abandonner. Ainsi la gestion d’entreprise est mieux contrôlée.

Autres expressions du seuil de rentabilité 

  • Le point mort ou Break point

Il représente la date à laquelle le seuil de rentabilité est atteint.

 

                                          (Seuil de rentabilité/CA) x 12 mois


Dans notre exemple, si les ventes sont régulières au cours de l’exercice, le seuil est atteint au bout de :
Point mort : (1 250 000 / 2 000 000) x 12 = 7,5 mois
soit au milieu du mois d’août.

La représentation graphique du point mort s’obtient en doublant l’axe des abscisses par un axe du temps respectant le rythme des ventes.

La connaissance et le calcul du point mort donnent une bonne idée de la fragilité de l’entreprise. Une entreprise qui atteint son point mort après 9 mois d’activité ne pourra absorber qu’une réduction d’activité de 25% (9 mois de ventes au lieu de 12) alors qu’une entreprise qui atteint son point mort après 6 mois d’activité restera bénéficiaire.

  • Seuil de rentabilité en quantité 

Si l’entreprise ne vend qu’un seul produit, l’expression du seuil de rentabilité en fonction des quantités vendues est facile à déterminer.

Si le chiffre d’affaires critique est connu, il suffit de le diviser par le prix de vente du produit.

Dans notre exemple, en supposant que le prix de vente prévu soit de 25 €, les quantités (Q) à vendre pour atteindre le seuil de rentabilité sont :

Q = seuil de rentabilité / prix de vente = 1 250 000 / 25 = 50 000 unités.

Si le chiffre d’affaires critique n’est pas encore connu, on peut calculer directement les quantités pour atteindre le seuil de rentabilité en remplaçant dans l’équation MCV = CF, la marge sur coût variable par son expression en fonction de la marge sur coût variable unitaire (mcvu).

Appelons p le prix de vente unitaire et Q* la quantité inconnue qui assure le seuil de rentabilité.
l’équation peut alors s’écrire :
Mcv unitaire x Q* = CF
D’où :             Q* = CF/ MCV unitaire
Dans notre exemple, la marge sur coût variable unitaire représente 40 % du prix de vente, soit 25 x 0,4 = 10 €

Les quantités à vendre pour atteindre le seuil de rentabilité sont : Q* = 500 000 / 10 = 50 000 unités.

  • La marge de sécurité

     

Elle représente la baisse du chiffre d’affaires qui peut être supportée par l’entreprise sans subir de pertes. Une marge de sécurité importante permet de traverser une période de crise, sans graves difficultés.

                      Marge de sécurité = Chiffre d’affaires réel – Seuil de rentabilité

 

Dans notre exemple, la marge de sécurité (MS) est de : 

MS = CA – SR
      = 2 000 000 – 1 250 000

  • Le coefficient de sécurité 

Le coefficient de sécurité (CS) ou indice de sécurité est le rapport entre la marge de sécurité et le chiffre d’affaires réalisé.

 

                                            CS = MS / CA  = (CA – SR) / CA

 

Dans notre exemple, le coefficient de sécurité est de :

CS = MS / CA
      = 750 000 / 2 000 000
      = 0,375

 

Généralement, plus l’indice de sécurité est élevé, plus vite la rentabilité est atteinte puisque le seuil de rentabilité est atteint plus tôt. 

 

De même, plus vite l’entreprise atteindra  son seuil de rentabilité, plus vite elle rentrera dans sa zone de profil, et maximisera ainsi sa sécurité.

Le seuil de rentabilité et le risque d’exploitation

Le risque d’exploitation est l’aptitude de l’entreprise à faire face à une baisse de chiffre d’affaires sans pour autant se retrouver en perte, à ne pas être en dessous du seuil de rentabilité.

 

Ainsi, si une entreprise souhaite évaluer le risque  d’exploitation, elle peut calculer la marge de sécurité ainsi que l’indice de sécurité.

 

La marge de sécurité correspond à la différence entre le chiffre d’affaires et le seuil de rentabilité.

Limites du seuil de rentabilité

Le seuil de rentabilité ne représente pas suffisamment la réalité, on lui reproche sa limitation d’utilisation. Les chefs d’entreprise peuvent se tourner vers d’autres indicateurs qui sauront mieux répondre aux enjeux de rentabilité.

 

  • Les charges variables ne dépendent pas uniquement de l’évolution de l’activité. Elles peuvent également varier en pourcentage lors d’une modification de charges variables unitaires, d’un changement de prix.
  • Les charges de structure peuvent être amenées à évoluer soit par une modification interne, lors d’un investissement,et cela, même de courte durée. Ainsi le caractère constant (=fixes) des charges de  structure n’est pas complètement exact.
  • Dans un environnement en perpétuel mouvement, il est très difficile pour l’entreprise de calquer ses prévisions uniquement sur le modèle du seuil de rentabilité. Par ailleurs, les entreprises ont en général plusieurs productions correspondant à des modèles de coûts différents.

Comment optimiser son seuil de rentabilité 

Afin d’améliorer le seuil de rentabilité de l’entreprise, il est possible de d’agir sur trois leviers:

 

  • Diminuer le montant des charges : Cela peut passer par exemple par remettre à plus tard la charge fixe en question. Il peut s’agir également du remplacement d’une charge par une autre moins coûteuse.
  • Agir sur la marge sur coûts variables : Essayer d’augmenter son prix de vente sans impacter la quantité commandée. L’entreprise peut également essayer de négocier avec ses fournisseurs des réductions commerciales plus importantes si elle s’engage à commander des quantités plus importantes.
  • Favoriser les charges variables : Cette possibilité est à considérer avec précaution car elle consiste à externaliser de manière importante ses charges fixes. Ainsi, l’entreprise supporte un minimum de charges de structure.