Dernière mise à jour le 26 septembre 2025
Le départ à la retraite d’un gérant de SARL nécessite une préparation minutieuse pour sécuriser ses revenus futurs. Les droits varient selon que vous soyez gérant majoritaire ou minoritaire, impactant directement votre pension de retraite. Entre régime TNS et assimilé salarié, dispositifs d’épargne retraite et optimisation fiscale, plusieurs leviers permettent d’améliorer vos revenus à la retraite. Ce guide détaille les étapes clés pour anticiper sereinement cette transition et maximiser vos droits.
Le statut du gérant de SARL : impact direct sur la retraite
Gérant majoritaire vs minoritaire : des droits différents
La distinction entre gérant majoritaire et minoritaire détermine votre régime de retraite. Pour calculer cette majorité, il faut additionner vos parts à celles de votre conjoint marié et de vos enfants mineurs. Si ce total dépasse 50%, vous êtes gérant majoritaire.
Les gérants majoritaires relèvent du régime TNS (Travailleur Non Salarié) et cotisent à la Sécurité sociale des indépendants (SSI). Ce statut offre des cotisations moins élevées mais une protection sociale réduite.
Les gérants minoritaires sont assimilés salariés et bénéficient du régime général de la Sécurité sociale. Ils cotisent davantage mais jouissent d’une meilleure couverture retraite, notamment via l’Agirc-Arrco pour la retraite complémentaire.
Bon à savoir : En cas de co-gérance, même si chaque gérant détient individuellement moins de 50% des parts, ils sont tous considérés comme majoritaires si leur participation cumulée dépasse ce seuil.
Le régime de retraite selon votre statut
Pour les gérants majoritaires, la retraite de base est gérée par la SSI avec un taux de cotisation de 17,4% jusqu’au plafond annuel de la Sécurité sociale (46 368 € en 2025). La validation des trimestres nécessite un revenu minimum de 1 782 € pour acquérir un trimestre.
La retraite complémentaire des TNS fonctionne par points avec des taux variables selon les tranches de revenus : 7% jusqu’à 37 960 € et 8% entre 37 960 € et 162 096 €.
Pour les gérants minoritaires, le système est identique à celui des salariés : cotisations au régime général pour la retraite de base et à l’Agirc-Arrco pour la complémentaire. Cette double affiliation garantit une protection sociale renforcée.
Bon à savoir : Même non rémunéré, un gérant majoritaire doit s’acquitter d’une cotisation minimale de 811 € par an pour la retraite de base, permettant de valider trois trimestres.
Calcul et estimation de votre pension de retraite
La retraite de base : formule de calcul
Le calcul de la retraite de base suit la même formule pour tous les gérants : Revenu annuel moyen × Taux × (nombre de trimestres validés / durée de référence).
Le revenu annuel moyen correspond à la moyenne des 25 meilleures années de cotisation. Le taux plein de 50% s’applique si vous avez validé le nombre de trimestres requis (172 trimestres pour les personnes nées à partir de 1973) ou atteint l’âge légal de départ.
Pour les gérants majoritaires, la base de calcul inclut la rémunération plus les dividendes excédant 10% du total (participation au capital + primes d’émission + rémunération du compte courant associé).
Bon à savoir : Les périodes assimilées (service militaire, maladie, chômage indemnisé) peuvent compter dans le total des trimestres sous certaines conditions.
La retraite complémentaire par points
Le système de points détermine votre retraite complémentaire. Chaque euro cotisé génère des points selon les barèmes en vigueur. En 2025, la valeur du point de retraite complémentaire atteint 0,65 euro.
Pour les gérants majoritaires, un revenu annuel de 40 000 € permet d’acquérir environ 420 points, soit une pension mensuelle additionnelle estimée à 273 euros.
Les gérants minoritaires bénéficient du régime Agirc-Arrco avec des taux de 7,87% jusqu’au plafond de la Sécurité sociale, puis 21,59% entre une et huit fois ce plafond.
Bon à savoir : Un simulateur en ligne permet d’estimer précisément vos droits selon votre parcours professionnel et vos revenus cotisés.
Optimiser sa retraite de gérant : les dispositifs disponibles
Les plans d’épargne retraite (PER)
Le PER individuel s’adapte parfaitement aux gérants de SARL grâce à sa souplesse de fonctionnement. Les versements libres s’ajustent aux variations de revenus professionnels caractéristiques de l’activité entrepreneuriale.
L’atout majeur réside dans la déductibilité fiscale des cotisations, plafonnée à 10% des revenus professionnels en 2025. Pour un revenu annuel de 80 000 €, jusqu’à 8 000 € de versements peuvent être déduits.
À la retraite, le choix entre capital, rente viagère ou combinaison des deux apporte une flexibilité supplémentaire pour adapter ses revenus à ses besoins.
Bon à savoir : Les possibilités de déblocage anticipé existent pour l’achat de la résidence principale ou en cas d’invalidité.
Le contrat Madelin pour les TNS
Réservé aux gérants majoritaires, le contrat Madelin fonctionne selon le même principe que le PER mais impose une sortie en rente. Il constitue un excellent outil pour sécuriser un revenu régulier à la retraite.
Les cotisations sont déductibles dans les mêmes limites que le PER, permettant une optimisation fiscale immédiate tout en préparant sa future pension.
Bon à savoir : Le contrat Madelin peut être cumulé avec un PER si vous avez une activité mixte ou changé de statut en cours de carrière.
Le rachat de trimestres
Le rachat de trimestres peut être rentable pour atteindre le taux plein ou augmenter le montant de votre pension. C’est particulièrement intéressant si vous avez eu des années d’études supérieures ou des périodes de cotisation incomplètes.
En 2025, le coût varie de 1 091 € à 3 894 € par trimestre selon votre âge et vos revenus. Vous pouvez racheter jusqu’à 12 trimestres pour les années d’études ou les périodes incomplètes.
Bon à savoir : Le rachat doit être calculé précisément car il n’est pas toujours rentable selon votre situation personnelle et votre âge de départ.
Préparer la transmission de votre entreprise
Vendre ou transmettre : planifier l’opération
La transmission de votre SARL impacte directement vos revenus futurs et votre fiscalité. Comptez entre 6 mois à 2 ans pour une transmission réussie, incluant valorisation, identification du repreneur et sécurisation des contrats.
Côté fiscal, des dispositifs avantageux existent pour les cessions de PME par des dirigeants partant à la retraite, avec exonération partielle ou totale des plus-values sous certaines conditions (exercice pendant 5 ans, arrêt d’activité dans les 2 ans).
Pour la transmission familiale, le pacte Dutreil peut réduire jusqu’à 75% la base taxable de la transmission, préservant le patrimoine familial.
Bon à savoir : Ces dispositifs nécessitent des démarches et délais précis à respecter. Une préparation anticipée permet de maîtriser les conditions et conséquences.
Les indemnités de départ
Contrairement aux salariés, les gérants de SARL ne bénéficient pas automatiquement d’indemnité légale lors de leur départ à la retraite. Cette règle s’applique pour une démission comme pour un départ volontaire.
Les dirigeants peuvent néanmoins négocier une indemnité contractuelle avec leurs associés, fixée dans les statuts ou par décision collective. Cette disposition mérite d’être anticipée bien avant le départ.
Seuls les gérants salariés (ayant un contrat de travail distinct du mandat social) peuvent prétendre à une indemnité légale ou conventionnelle au titre de la rupture de leur contrat de travail.
Bon à savoir : Un dispositif d’accompagnement au départ existe pour les dirigeants non-salariés, sous forme d’aide financière versée par la Sécurité Sociale des Indépendants.
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Le cumul emploi-retraite pour les gérants
Conditions et fonctionnement
Le cumul emploi-retraite permet de continuer une activité tout en percevant sa pension. Pour un cumul intégral sans plafond, vous devez avoir liquidé tous vos droits (base et complémentaires) et atteint l’âge légal avec le taux plein.
En cumul partiel (sans le taux plein), vos revenus d’activité ne doivent pas dépasser 160% du SMIC (2 782 € bruts mensuels en 2025). Sinon, la pension peut être réduite ou suspendue.
Un délai de 6 mois s’impose entre la cessation d’activité et la reprise dans la même entreprise pour les gérants majoritaires.
Bon à savoir : La transformation de SARL en SAS représente une alternative stratégique permettant de percevoir uniquement des dividendes, évitant les contraintes du régime TNS.
Redevenir gérant après la retraite
Rien n’empêche un retraité de redevenir gérant, à condition de respecter les règles du cumul emploi-retraite. En cumul intégral, vous pouvez cumuler sans limite pension et nouvelle rémunération.
Attention : redevenir gérant implique de cotiser à nouveau sans générer de nouveaux droits retraite. Il convient donc de bien calculer l’intérêt financier de ce retour à l’activité.
Bon à savoir : Les dividendes versés aux gérants retraités peuvent bénéficier d’un abattement fiscal de 40%, rendant cette option attractive pour compléter sa pension.
Démarches et erreurs à éviter
Les étapes clés de la liquidation
Demandez la liquidation de vos droits au moins 6 mois avant la date de départ souhaitée. Utilisez votre espace personnel sur info-retraite.fr qui centralise les demandes pour tous les régimes.
Préparez les pièces justificatives : bulletins de salaire, bilans comptables (si TNS), attestation de cessation d’activité, RIB. Plus votre parcours est complexe, plus ces démarches peuvent être fastidieuses.
Pour continuer une activité, signalez votre cumul emploi-retraite en respectant les règles selon votre statut.
Bon à savoir : N’hésitez pas à vous faire accompagner par un expert pour ne rien oublier et sécuriser vos droits.
Les erreurs fréquentes à éviter
- Attendre le dernier moment : anticipez 6 mois à l’avance
- Oublier certains trimestres : périodes de chômage, service militaire, congé parental
- Négliger les régimes complémentaires : déclarez tous vos statuts passés
- Rater une opportunité de rachat : évaluez la rentabilité en amont
- Mal gérer la transmission : optimisez fiscalement en respectant les délais
- Ne pas vérifier ses relevés de carrière : corrigez les erreurs avant liquidation
- Ignorer le cumul emploi-retraite : respectez les règles pour éviter la suspension
Bon à savoir : Une vérification régulière de votre relevé de carrière permet de corriger les erreurs à temps et d’optimiser vos droits futurs.
Conclusion
Le départ à la retraite d’un gérant de SARL nécessite une préparation anticipée et personnalisée selon votre statut. Entre optimisation des cotisations, choix des dispositifs d’épargne retraite et préparation de la transmission, plusieurs leviers permettent de sécuriser vos revenus futurs. L’accompagnement d’experts reste essentiel pour naviguer dans cette complexité et maximiser vos droits à la retraite.