Dernière mise à jour le 17 octobre 2024

Découvrez les rouages des provisions en comptabilité, ces sommes cruciales mises de côté pour anticiper obligations financières et pertes potentielles. Cet article détaille les différents types de provisions, leur comptabilisation, et leur impact fiscal, offrant un guide essentiel pour entrepreneurs et comptables. Plongez dans l’univers des provisions pour une gestion financière avisée et conforme.

Qu’est-ce que les provisions en comptabilité ?

Une provision est une somme d’argent mise de côté dans les comptes d’une entreprise pour faire face à une obligation financière future ou à une perte potentielle.

Elle est constituée pour refléter de manière réaliste la situation financière de l’entreprise en anticipant des coûts ou des pertes qui sont susceptibles de se produire dans le futur. Les provisions sont généralement créées lorsque l’obligation future est probable, mais son montant exact est incertain.

Les différents types de provisions comptables

1. Les provisions pour risques et charges : elles sont constituées pour faire face à des obligations futures dont la survenance ou le montant sont incertains. Parmi cette catégorie de provision, on retrouve les provisions suivantes :

  • Les provisions pour dépenses de personnel, qui incluent des provisions pour rémunérations ou gratifications en cas de dépenses de personnel restant à payer à la fin de l’exercice, ainsi que des provisions pour licenciement en prévision d’indemnités de licenciement liées à des licenciements probables.
  • Les provisions pour litige, permettant de constituer une provision en cas d’engagement dans un litige à la fin de l’exercice.
  • Les provisions pour gros travaux d’entretien, de révisions ou de remise en état, qui sont constituées lorsque des travaux importants, ne peuvent pas être imputés entièrement à un seul exercice et doivent être répartis sur plusieurs exercices.

Il est également noté que les provisions pour licenciement économique ne sont pas fiscalement déductibles.

2. Les provisions pour dépréciation d’actifs : elles sont constituées pour faire face à la dépréciation comptable d’actifs en cas de perte de valeur durable.

Plusieurs types de provisions pour dépréciations d’actifs existent :

  • Provision pour dépréciation des stocks : Cette provision est constituée lors de l’inventaire des stocks et représente la différence entre le coût d’achat des éléments du stock et leur valeur actuelle. Une évaluation forfaitaire est possible dans certains cas, lorsque cela permet de mieux estimer la perte potentielle.
  • Provision pour dépréciation des immobilisations : Certaines immobilisations, telles que les fonds de commerce et les terrains, peuvent subir une dépréciation par rapport à leur valeur d’entrée. Une immobilisation sujette à l’amortissement (constructions, matériel, véhicules, mobilier…) peut exceptionnellement connaître une réduction de sa valeur, non nécessairement permanente, qui se manifeste en comparant sa valeur nette comptable à sa valeur de marché.
  • Provision pour créances douteuses ou litigieuses : Lorsqu’une créance est compromise à la fin de l’exercice en raison de la mauvaise situation financière du débiteur (créance douteuse) ou d’un litige entre le créancier et le débiteur (créance litigieuse), une provision peut être constituée. Cette provision est déductible du résultat imposable de l’entreprise sous certaines conditions, notamment si le risque de non-recouvrement est précisé et que les événements en cours rendent la perte probable. La provision est calculée sur la base du montant hors taxes de la créance.

3. Les provisions réglementées : Il s’agit de provisions spécifiquement établies en vertu de dispositions légales particulières, et elles font l’objet des mêmes formalités que les autres provisions. Parmi ces provisions spécifiques, on trouve les provisions pour hausse des prix. Ces provisions sont mises en place pour prendre en considération les variations significatives des prix de certains produits. Les entreprises sont autorisées à constituer une provision pour hausse des prix lorsque, sur une période maximale de deux ans, elles constatent une augmentation des prix pour une matière ou un produit supérieur à 10 %. Cette provision est calculée sur la fraction de l’augmentation excédant ce seuil de 10 %.

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Qui peut constituer des provisions ?

En général, seuls les entrepreneurs individuels et les entreprises assujetties à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou à l’impôt sur les sociétés (IS) sont autorisés à établir des provisions.

En effet, les professions libérales, relevant de la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC), sont soumises à un système comptable basé sur l’encaissement. Cela signifie que leur bénéfice imposable pour une année donnée est calculé en fonction de la différence entre les revenus effectivement reçus et les dépenses effectivement engagées.

Par conséquent, la méthode de calcul du bénéfice imposable pour les BNC ne permet pas la constitution de provisions pour anticiper des pertes ou des charges à venir.

Cependant, les contribuables relevant des BNC qui choisissent de suivre une comptabilité commerciale peuvent à nouveau constituer des provisions, mais uniquement en ce qui concerne les créances douteuses.

Comment comptabiliser des provisions ?

La comptabilisation de la provision doit obligatoirement se faire en deux étapes : lors de l’identification du risque et lors de sa résolution.

Lorsque le risque est identifié, la comptabilisation s’effectue comme suit :

  • Crédit du compte 151, intitulé « Provisions pour risques ».
  • Débit du compte 687, intitulé « Dotations aux provisions exceptionnelles ».

Lorsque le risque diminue ou disparaît, que la charge soit confirmée ou non, la comptabilisation se réalise de la manière suivante :

  • Débit du compte 151, « Provisions pour risques ».
  • Crédit du compte 7875, « Reprises sur provisions exceptionnelles ».

Les provisions et la fiscalité

Afin d’être déduites du résultat fiscal d’un exercice (dotations), les provisions doivent respecter les cinq conditions suivantes :

  1. La provision concerne une charge fiscalement déductible. Une provision liée à une charge non déductible ne peut pas être déduite.
  2. La charge ou la perte est clairement définie. Pour qu’une provision soit admissible, il est essentiel d’évaluer avec précision le montant de la charge ou du risque provisionné.
  3. La charge ou la perte est probable. Une provision ne peut pas être déduite si la perte est purement hypothétique.
  4. La perte ou la charge découle d’événements survenant à la date de clôture de l’exercice. Les événements postérieurs à la clôture des comptes ne peuvent pas justifier la déduction d’une provision.
  5. La provision doit être enregistrée en comptabilité et la déclaration de résultats doit être déposée avant l’expiration du délai légal. Si une provision n’est pas comptabilisée à la clôture de l’exercice, elle ne peut pas être régularisée, même par le biais d’une réclamation ou d’une compensation lors d’un redressement.

Du point de vue des déclarations, une provision doit être dûment enregistrée en comptabilité et être répertoriée dans le tableau des provisions à inclure dans la déclaration de résultats.

Exemple de comptabilisation d’une provision

Imaginons qu’une entreprise prévoie de devoir remplacer une machine coûteuse dans un avenir proche en raison de son usure normale.

L’entreprise peut constituer une provision pour cette dépense future.

Supposons que le coût estimé du remplacement soit de 10 000 euros. L’entreprise débitera alors un compte de charges appelé « Provision pour remplacement de machine » et créditera un compte de dettes à long terme appelé « Provisions ».

Lorsque la machine est effectivement remplacée, la provision est utilisée pour couvrir la dépense, réduisant ainsi l’impact financier immédiat sur l’entreprise.

Nos conseils pour la comptabilisation des provisions

  1. Évaluation précise : Estimez avec rigueur le montant des provisions en vous appuyant sur des données fiables et documentez votre raisonnement pour justifier les montants choisis.
  2. Classification appropriée : Classez les provisions correctement selon leur nature.
  3. Distinction : Ne confondez pas les provisions avec les charges déjà encourues.
  4. Conformité : Respectez les règles comptables et fiscales en vigueur.
  5. Prudence : Soyez prudent dans vos évaluations pour anticiper les risques.
  6. Révision régulière : Actualisez régulièrement les provisions pour refléter la réalité.

Les questions courantes sur les provisions en comptabilité

Pourquoi les provisions sont au passif ?

Les provisions sont inscrites au passif du bilan parce qu’elles représentent des obligations financières potentielles pour l’entreprise. Elles montrent les engagements financiers que l’entreprise devra honorer à l’avenir.

Comment annuler une provision en comptabilité ?

Une provision peut être annulée en comptabilité lorsque l’obligation pour laquelle elle a été constituée est soit honorée, soit n’est plus nécessaire.

Pour annuler une provision, l’entreprise débite le compte de provisions et crédite le compte de charges ou de produits concerné. L’annulation de la provision doit être justifiée et documentée conformément aux règles comptables en vigueur.