Dernière mise à jour le 1 octobre 2025

Pourquoi la comptabilité d’un artisan est-elle unique ?

La comptabilité d’un artisan présente des particularités qui la distinguent de celle d’autres types d’entreprises.

Contrairement aux grandes sociétés, souvent dotées d’une équipe comptable dédiée, l’artisan doit gérer lui-même, ou avec un expert-comptable , l’ensemble de ses obligations fiscales et administratives. Il doit aussi choisir un régime fiscal et comptable adapté à son activité, anticiper ses charges et ses cotisations sociales, tout en veillant à optimiser sa rentabilité. Voici un tour d’horizon des spécificités comptables auxquelles un artisan doit faire face.

Comment savoir si on est artisan ou commerçant ?

La distinction entre l’artisan et le commerçant repose sur la nature de l’activité .

L’artisan est une personne qui exerce une activité manuelle et technique nécessitant un savoir faire particulier. Il peut travailler seul ou avec des salariés (moins de 10 en général) et il doit être immatriculé au répertoire des métiers et son activité est régie par le code de l’artisanat.

Le commerçant quant à lui se consacre principalement à l’achat et la revente de biens ou de services. Il est inscrit au RCS et son activité est régie par le  Code de commerce.

Sous quel forme juridique exercer?

Le choix du  statut juridique doit être adapté aux besoins de l’artisan en matière de gestion, de protection du patrimoine et de fiscalité. Un accompagnement par un expert-comptable ou un conseiller peut être utile pour faire le bon choix.

Forme juridique Avantages Inconvénients Responsabilité
Entreprise Individuelle (EI) Simplicité administrative, pas de capital minimum Responsabilité illimitée sur le patrimoine personnel (sauf avec l’option EIRL) Responsabilité illimitée sauf en EIRL
Micro-entreprise

(régime de l’EI) Auto-entrepreneur

Facilité de gestion, charges sociales réduites, pas de comptabilité lourde Plafonds de chiffre d’affaires, peu de déductions de charges Responsabilité illimitée sauf en EIRL
EURL / SARL Responsabilité limitée au capital, choix entre IR et IS Formalités plus complexes qu’une EI, comptabilité obligatoire Responsabilité limitée au capital social
SASU / SAS Grande souplesse de gestion, pas de cotisations sociales sur les dividendes Charges sociales élevées sur la rémunération du dirigeant Responsabilité limitée au capital social

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Le choix du régime fiscal et comptable

L’artisan, en fonction de son chiffre d’affaires et de son organisation, peut opter pour différents régimes fiscaux et comptables. Chaque option a des conséquences sur ses obligations et son mode de gestion.

Micro-entreprise vs régime réel

Le régime micro-entreprise : Ce régime est simplifié et accessible aux artisans dont le chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 188 700 € pour les activités de vente et 77 700 € pour les prestations de services. Cé régime est plus communément appelé le régime de l’ auto-entrepreneur.

L’artisan bénéficie d’un abattement selon un  barème forfaitaire pour ses charges

  • 71 % pour les activités de ventes ( Micro-bic)
  • 50 % pour les activités de prestations de services BIC ( Micro-bic)
  • 34 % pour les activités de prestations BNC et libérales (Micro-bnc)

Il paye alors ses impôts sur le revenu sur la base du bénéfice estimé après cet abattement. Il est dispensé de comptabilité complexe,  ne devant tenir qu’un livre des recettes et, dans certains cas, un registre des achats.

Le régime réel (simplifié ou normal) : Ce régime concerne les artisans dont le chiffre d’affaires dépasse les seuils de la micro-entreprise (de l’auto-entrepreneur) ou qui choisissent volontairement cette option pour mieux maîtriser leur fiscalité.

L’imposition se fait sur le bénéfice réel après déduction des charges réelles (loyers, matériel, déplacements…). Il impose la tenue d’une comptabilité complète. Les comptes annuels doivent contenir bilan, compte de résultat et liasses fiscales obligatoirement.

Le bilan doit retranscrire de façon sincère le  patrimoine de l’entreprise et mettre en avant tant la  valeur des actifs qu’elle possède que son passif.

Les comptes annuels doivent faire un état des  en-cours à la  clôture de l’exercice, des dettes, de la constatation des créances client et  des stocks sur la base de la réalisation d’un inventaire.

L’ensemble des travaux permettant la présentation des comptes annuels doit être basé sur  des pièces justificatives (factures, relevés bancaires, contrats, échéanciers…). L’artisan doit conserver ces pièces à chaque clôture de l’exercice afin de qu’elles soient mise à disposition de l’administration en cas de contrôle.

Les choix du régime social

Cotisations sociales

L’artisan doit verser des cotisations sociales auprès de l’Urssaf et d’autres organismes selon son statut.

Ces cotisations couvrent la retraite, l’assurance maladie et la formation professionnelle.

Elles représentent environ :

  • 22 % du chiffre d’affaires pour un micro-entrepreneur ( Auto-entrepreneur)
  • 30 % à 45 % du bénéfice pour un artisan en entreprise individuelle
  • 30 % à 45% de la rémunération du dirigeant en EURL/SARL
  • 60 à 70% de la rémunération nette du dirigeant en SASU/SAS

Le choix du régime de tva : franchise en base ou régime réel ?

  • La franchise en base de TVA :

Jusqu’au 1er mars 2025, l’artisan dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 91 900 € pour les activités de vente ou 36 800 € pour les prestations de services peut opter pour la franchise en base de TVA.

Il ne facture pas la TVA à ses clients mais ne peut pas non plus la récupérer sur ses achats.

La loi de finances pour 2025 a introduit un seuil unique de franchise en base de TVA fixé à 25 000 € de chiffre d’affaires à partir du 1er mars 2025. Le ministère de l’Économie a suspendu cette mesure jusqu’au 1er juin 2025 pour travailler avec les fédérations professionnelles et les parlementaires et proposer des adaptations.

  • Le régime réel de TVA :

Obligatoire au-delà des seuils de la franchise, ce régime implique de facturer la TVA aux clients et de la reverser à l’administration fiscale après déduction de la TVA payée sur les achats professionnels. Cela demande une gestion rigoureuse pour éviter les erreurs de déclaration et optimiser sa trésorerie.

La  déclaration fiscale de tva se fait de façon mensuelle au régime réel normal et de façon annuelle pour le régime réel simplifié (dans les 3 mois qui suivent la  clôture de l’exercice avec versement d’un acompte en juillet et un acompte en décembre).

Les obligations comptables et documents comptables obligatoires d’un artisan

Les obligations comptables d’un artisan varient selon le régime choisi :

Micro-entreprise : Simple tenue d’un livre des recettes et, si achat de marchandises, d’un registre des achats. Aucune obligation de bilan ni de compte de résultat.

Régime réel simplifié : Tenue d’une comptabilité complète mais allégée (comptes annuels, registre des immobilisations et amortissements).

Régime réel normal : Comptabilité en partie double avec bilan, compte de résultat, grand livre et livre-journal,  annexes, à l’instar des entreprises classiques.

Dans tous les cas, une bonne gestion comptable permet de suivre son activité, d’anticiper les charges et d’éviter des difficultés financières.

Les obligations en matière de facturation pour un artisan en France sont strictement encadrées par la loi. Voici les principales règles à respecter :

1. Obligation d’émettre une facture
Un artisan doit obligatoirement établir une facture dans les cas suivants :
Pour toute prestation réalisée pour un professionnel (B2B), quelle que soit la somme.
Pour un particulier, si le montant dépasse 25 € TTC ou si le client en fait la demande.

2. Mentions légales sur la facture
Chaque facture doit comporter des mentions obligatoires, sous peine de sanctions :
Identité des parties : Nom, adresse et, pour l’artisan ou la  personne morale, son numéro SIRET.
Numéro de facture : Un numéro unique permettant un  enregistrement chronologique.

Date de la facture.
Description des prestations ou produits vendus avec quantité et prix unitaire.
Montant HT, taux de TVA et montant TTC (ou mention d’exonération si applicable).
Conditions de paiement (délais, pénalités de retard, indemnité forfaitaire de 40 € pour frais de recouvrement si applicable).
Assurance professionnelle (nom et adresse de l’assureur si l’activité est réglementée).

3. Conservation des factures
L’artisan doit conserver les factures pendant 10 ans pour des raisons comptables et fiscales.

4. Facturation électronique
À partir de 2026, la facturation électronique deviendra progressivement obligatoire pour les transactions entre entreprises assujetties à la TVA.
Si vous avez une situation particulière (auto-entrepreneur, TVA spécifique, etc.), je peux vous donner des précisions adaptées.

En présence de  salariés, l’artisan doit conserver les contrats de travail, le livre de paie et le registre unique du personnel.

Gestion des amortissements et investissements

Les artisans sous régime réel doivent prendre en compte l’amortissement des investissements (matériel, véhicules, outillage…). Cela permet de lisser le coût de ces dépenses sur plusieurs années et de réduire le bénéfice imposable. Une bonne anticipation des investissements et des financements est essentielle pour éviter des déséquilibres de trésorerie.

Conclusion : L’importance d’une bonne gestion comptable pour un artisan

En matière de comptabilité les règles s’appliquant à un artisan sont spécifiques en raison des nombreux choix fiscaux et comptables à effectuer, des obligations comptables à respecter et des charges à anticiper. Un suivi rigoureux des opérations financières est indispensable pour assurer la pérennité  et la rentabilité de l’activité. En tenant une comptabilité rigoureuse, il peut suivre précisément ses revenus et ses dépenses, ce qui lui permet d’optimiser sa trésorerie et d’anticiper d’éventuelles difficultés financières. Une comptabilité bien tenue est également indispensable pour remplir ses obligations fiscales et sociales dans les délais, évitant ainsi les pénalités et les contrôles fiscaux. De plus, elle facilite l’accès à des financements en cas de besoin, car les banques et investisseurs exigent des comptes clairs et précis. Enfin, une bonne gestion comptable aide l’artisan à fixer des prix justes, à contrôler sa marge bénéficiaire et à prendre des décisions stratégiques pour développer son activité.

Faire appel à un expert-comptable peut être une solution judicieuse pour optimiser sa gestion et éviter des erreurs coûteuses. Une bonne organisation comptable permet au dirigeant de la structure de se concentrer sur son cœur de métier tout en assurant la santé financière de son entreprise.

Une bonne gestion comptable est essentielle pour un artisan, car elle garantit la pérennité et la rentabilité de son activité.